Le salaire des molécules de la peur

Un rapport bénéfice-risque favorable, voilà des mots qui sonnent bien. Cela rassure. Car un médicament qui passe ce crible semble dédouané d’effets nocifs : soyez-en certain, il vous fera beaucoup plus de bien que de mal, et s’il venait à vous provoquer quelques effets indésirables, on le retirera du marché. Vous êtes rassuré ? Moi pas !


Et de plus de plus de citoyens diront avec moi que nous ne pourrons vraiment l’être que quand ceux qui les prescrivent et les vendent auront réellement pris le temps de vérifier les effets secondaires et les conséquences sur le long terme des nouvelles molécules. Quand ils réfléchiront à deux fois avant de conseiller tel ou tel médicament et d’affirmer, la main sur le cœur, qu’il ne peut mettre en jeux la vie de leur client – sachant qu’une maladie grave peut mettre dix ans à se déclarer. Quand ils arrêteront de balayer d’un revers de la main le questionnement du patient qu’ils considèrent naïf, inculte et acquis à leur dogme idéologique entièrement voué au médicament de synthèse. Quand, devant les troubles signalés par un patient qui souffre, ils penseront d’abord et avant tout à vérifier que cela ne provient pas du médicament prescrit ! Et quand au lieu de se boucher les oreilles, ils se sentiront coupables et regretteront sincèrement d’avoir mis sur le marché tel produit au lieu de faire comme s’ils n’étaient pas au courant, et de se laver les mains !

Car au nom de quelle morale, de quelle éthique, peut-on justifier de faire courir un risque à quelqu’un simplement parce qu’on croit que cela sera plus bénéfique que néfaste à sa santé ? Qui peut réellement évaluer ce risque ? Comment savoir si ce produit qui calme un symptôme passager et qui est vendu maintenant en libre-service ne va pas à la longue lui provoquer… un cancer ?

Et qu’on ne vienne pas me dire qu’il n’y a pas d’alternative ! Que si on fait courir un risque, c’est parce qu’il n’y a rien d’autre ! C’est un argument fallacieux, une affirmation gratuite ! Alors, il faut se poser une dernière question : n’y a-t-il pas une raison plus terre à terre ? En fait, plus qu’une idéologie qui pousserait certains à toujours vouloir défendre cette chimie de synthèse archaïque, plus qu’une philosophie, il y a une raison bien matérielle : le profit ! Car, après tout, que représente le coût des maladies induites par un médicament, quand elles n’entraînent aucune indemnisation pour les patients qui en sont les victimes tandis que toutes les dépenses générées sont prises en charge par la collectivité ; et ceci pendant des années, jusqu’à ce que les instances chargées d’évaluer le fameux rapport bénéfice/risque finissent par demander le retrait du marché.

Est-ce au nom de la rentabilité qu’on tolère cela ? C’est ce que certains ont le culot d’affirmer.?On vous dira qu’après avoir engagé tant de frais pour trouver de nouvelles molécules, on ne peut les abandonner subitement à cause de quelques malheureux malades. Ce ne serait pas rentable ! Il est donc bien là, le salaire, le prix à payer pour ces molécules de la peur.


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