La phytothérapie africaine sort de l'obscurité

Raillée et dénigrée pendant des siècles à cause de son aspect rituel et sacré, la pharmacopée africaine sort aujourd’hui de l’ombre. L’utilisation ancestrale des plantes médicinales du continent noir est désormais confirmée par les scientifiques, essais cliniques à l’appui. Leurs travaux les plus récents permettent à nos esprits occidentaux de lever un coin du voile sur ce trésor thérapeutique millénaire transmis, jusqu’ici, oralement de génération en génération.


En Afrique, les maladies sont attribuées à des esprits, à des dieux ou à des démons. Et les plantes font partie, d’un ensemble de rituels ayant la vertu de repousser les mauvais éléments qui affectent l’homme. Cet aspect sacré de la médecine traditionnelle africaine a longtemps été raillé, combattu et démystifié par la médecine moderne.


Et pourtant, la pharmacopée africaine, dont la richesse nous a été révélée par les premiers explorateurs du continent noir, a été introduite dans de nombreux médicaments dits modernes et a donné lieu à de grandes découvertes comme la réserpine du Rauwolfia vomitoria, produit de départ des neurosédatifs. À l’heure actuelle, près de 75 % des africains se soignent uniquement avec les plantes qui les entourent. Quelle chance !

On a retrouvé dans cette pharmacopée la théorie des signatures imaginée par Paracelse basée sur la croyance que l’aspect, la couleur et la saveur de chaque plante indiquent ses propriétés médicinales.
Transmis oralement de génération en génération, ce savoir conférait à celui qui le détenait la notoriété et le pouvoir. Souvent, il était tout à la fois, le chef tribal et le guérisseur.
Outre des rituels complexes, sur fond de prières et d’offrandes sensées donner aux plantes une dimension universelle, le tradipraticien utilise des décoctions, c'est-à-dire le chauffage à ébullition pendant un quart d’heure ou plus de la plante dans l’eau. Après filtration ou décantation, il fait boire la décoction. Il peut aussi utiliser l’infusion ou bien faire ingérer directement la plante.
Les plantes que nous avons choisies de décrire dans ce dossier sont dépourvues de toxicité et sont utilisées couramment, pour l’indication que nous mentionnons, dans plusieurs pays africains.
 

L’Euphorbia hirta (malnommée) est connue en Afrique et en particulier au Nigéria, comme anti-asthmatique, contre les bronchites et les maladies respiratoires.
Boire, en cas de crise, trois jours de suite une décoction de 100 grammes de plante dans un litre d’eau douce.

L’Ageratum conyzoïdes (herbe de bouc) dégage une odeur caractéristique qui lui donne son nom vulgaire. L’huile essentielle des feuilles contient des monoterpènes, des sesquiterpènes, des chromènes et des benzofuranes. Elle est responsable de l’action anti-bactérienne sur vingt bactéries et quatre champignons, en particulier le staphylocoque et le Candida albicans.
Utiliser une goutte du suc des feuilles en instillations oculaires.
 

Le Cassia alata (dartrier) donne des feuilles utilisées en Afrique en application sur les lésions de la peau, soit telles quelles, soit après avoir été broyées. L’activité sur le staphylocoque, le germe le plus souvent rencontré dans les plaies infectées, a été vérifiée par les scientifiques. Ainsi que le pouvoir anti-fongique sur presque tous les dermatophytes (champignons), à l’exception des levures et sur le Pityriasis versicolor.
Appliquer plusieurs fois par jour le jus obtenu après broyage des feuilles sur les lésions jusqu’à disparition.
 

L’Anacardium occidentale (anacardier ou pommier cajou) est utilisé principalement pour ses vertus hypoglycémiantes. Les décoctions ou macérations de feuilles et d’écorces permettent en effet de diminuer la glycémie chez les diabétiques. Cette propriété a été confirmée par les scientifiques.
Faire bouillir dans un litre d’eau
80 grammes de feuilles (ou d’écorces) pendant quinze minutes. Filtrer après refroidissement et boire dans la journée.

 L’Irvingia gabonensis (manguier sauvage) possède un fruit à pulpe charnue et à noyau dur renfermant une graine unique, très oléagineuse. Les femmes africaines utilisent ces amandes pour préparer le pain d’Odika. Les scientifiques ont démontré que le mucilage de ces graines donné à raison de 4 grammes par jour pendant quatre semaines chez les diabétiques de type II provoque la diminution des lipides, des triglycérides, du cholestérol et surtout du glucose sanguin. Ce qui confirme l’utilisation traditionnelle.
Prendre plusieurs pincées de graines en poudre par jour.

Le Catharanthus roseus (pervenche de Madagascar) a toujours été utilisé par les tradipraticiens malgaches comme hypoglycémiant. Ces usages traditionnels ont été scientifiquement vérifiés : ce sont les alcaloïdes indoliques qui sont responsables de l’activité anti-diabétique.
Faire une décoction de 30 grammes de feuilles de pervenche dans un litre d’eau. Boire dans la journée.
 

L’Acacia nilotica (gommier rouge) est une plante répandue dans les secteurs les plus secs de l’Afrique, du Sénégal à l’Égypte. La principale indication en est la dysenterie. Ce sont les fruits dont la richesse en tanins dépasse les 20 % qui lui confèrent ses vertus thérapeutiques.
Prendre une pincée de la poudre du fruit sans les graines, soit 5 grammes. Renouveler toutes les heures selon l’évolution des douleurs.

L’Adansonia digitata (baobab) est un arbre sacré en Afrique. Les fruits appelés « pain de singe » contiennent des graines noires noyées dans une pulpe farineuse blanche. Cette pulpe est un puissant anti-diarrhéique du fait de sa forte concentration en glucides et en matières pectiques. Elle est particulièrement préconisée pour la réhydratation des nourrissons.
Mélanger, après avoir enlevé les graines, 100 grammes de pulpe de fruit séchée dans 100ml d’eau et boire aux repas.
 

  • Insuffisance rénale

L’Alchornea cordifolia doit ses propriétés à ses feuilles riches en produits phénoliques et en terpènes. Cette plante est particulièrement active comme diurétique et désinfectant urinaire.
Préparer une décoction de 80 grammes de feuilles dans un litre d’eau et boire trois demi-verres dans la journée.

L’Ananas comosus (ananas) doit ses vertus diurétiques à ses racines. Des études récentes selon lesquelles une décoction de racines d’ananas provoquerait une augmentation de près de 80 % de la diurèse, confirment cette utilisation traditionnelle. Une propriété principalement due à leur forte concentration en enzymes protéolytiques, appelées bromélaïnes.
Faire bouillir dans un litre d’eau
30 grammes de racines pendant
15 minutes. Filtrer après refroidissement et boire dans la journée.

L’Hibiscus sabdariffa (oseille de Guinée) renferme dans les calices de ses fleurs de nombreux acides organiques et des anthocyanosides (protecteurs du système veineux). Ces composants sont responsables, entre autres, de son activité hypotensive. De récentes études ont montré une diminution de 10 % des chiffres des tensions systolique et diastolique.
Faire une décoction de 5 grammes de calices dans 200 ml d’ eau pendant 20 minutes et boire dans la journée.

Le Sclerocarya birrea (marula) est doté, grâce à ses feuilles et, dans une moindre mesure, à la pulpe de ses fruits, d’une forte activité hypotensive largement utilisée par les tradipraticiens africains. Cette action peut s’expliquer scientifiquement par une inhibition de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (qui a un effet vasoconstricteur et hypertensif) et aussi par la libération du calcium intracellulaire (rappelons que le calcium contribue à améliorer l’hypertension artérielle).
Préparer une décoction de 30 grammes de feuilles pour un litre d’eau et boire dans la journée.
 

Le Butyrospermum parkii est un arbre dont les fruits renferment une à deux graines contenant une amande très huileuse. Cette matière grasse ou beurre de karité est composée de glycérides d’acides gras saturés et insaturés et d’alcools triterpéniques responsables de l’action anti-inflammatoire.
Frictionner à l’aide du beurre de karité les endroits douloureux au moins deux fois par jour.

L’Elaeis guineensis (palmier à huile) possède des fruits volumineux disposés en régimes, dont on extrait par ébullition une huile que les Africains utilisent en frictions contre les courbatures et les rhumatismes.
Frotter les membres douloureux avec de l’huile de palme plusieurs fois par jour.

Affections hépato-biliaires
Le Cochlospermum tinctorium est une plante très estimée par les ethnies du Sahel. Sa fleur est jaune flamboyant. C’est l’exemple même de la plante qui peut être reliée à la théorie des signatures de Paracelse. Et est le médicament par excellence des affections hépato-biliaires. Son utilisation comme anti-ictérique (jaunisse) fait l’unanimité des tradipraticiens. Ce sont ses racines riches en caroténoïdes, tanins et triterpènes qui confèrent à la plante son activité hépato-protectrice confirmée par plusieurs recherches.
Faire une décoction de 30 grammes de racines dans un litre d’eau et boire dans la journée.

Le Desmodium adscendens est une plante répandue du Sénégal au Congo en passant par la Côte d’Ivoire. Ce sont ses saponosides qui sont responsables de son action hépatorégulatrice. Une étude clinique réalisée sur des hommes atteints d’hépatite B à l’hôpital de Bamako, au Mali, a montré que l’administration d’une décoction de Desmodium entraîne une rapide diminution de l’ictère, des transaminases (enzymes hépatiques dont le taux augmente lors d’une atteinte virale du foie) et de la bilirubine (l’élévation anormale de la bilirubine dans le sang reflète un mauvais fonctionnement du foie et de la vésicule biliaire et se traduit par une « jaunisse » ou ictère).
Faire bouillir pendant 15 minutes 10 grammes de plante sèche (tiges et feuilles) dans un demi-litre d’eau et filtrer. Boire dans la journée et continuer le traitement jusqu’à disparition des symptômes. (en savoir plus sur le desmodium)
 

Le Prunus africana (ou Pygeum africanum) est un arbre qui mesure trente mètres de haut avec parfois un mètre de diamètre. C’est l’écorce, tendre, fibreuse à section rouge rosé qui referme les principes actifs utiles dans les cas d’hypertrophie bénigne de la prostate. Elle contient des composés (des alcools aliphatiques à chaîne longue comme le docosanol) et développe une activité anti-inflammatoire, inhibe la proli-
fération cellulaire induite par la croissance du tissu prostatique, stimule l’activité sécrétoire de la prostate et des vésicules séminales et diminue le poids de la prostate. Des essais cliniques ont montré une baisse significative de la pollakiurie nocturne (miction fréquente la nuit) et des autres symptômes de l’hypertrophie de la prostate tels le volume résiduel post-mictionnel et le débit urinaire maximal.
Faire bouillir 10 minutes 20 grammes d’écorce de Prunus africana dans 200 ml d’eau et boire une demi-tasse trois fois par jour.

Adresse:
• Plantes sahéliennes:
Dr Dakuyo Zéphyrin
BP 293
Banfora, Burkina-Faso
Tél. 00 226 910 455
Fax 00 226 910 360
E-mail: phytofla@fasonet.bf

• Plantes tropicales et équatoriales
Dr Sandjon Bertrand,
B.P 12521,
Bonanjo-Douala, Cameroun
Tél. 00 237 993 24 18
Fax 00 237 343 66 28
E-mail. africaphyto@yahoo.fr
 


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