Les anti-oxydants donneraient le cancer... Discutons-en!

Sous le titre « Les anti-oxydants ne protègent pas du cancer », la grande presse, faisant référence à une récente étude danoise, conclut hâtivement que la prise d’anti-oxydants serait, finalement, dangereuse pour la santé. Contrairement à ce que beaucoup ont dit, les résultats de cette étude prouvent en fait les errements de la médecine « synthétique » plutôt que les excès des tenants de la médecine naturelle.

«N’en déplaise aux promoteurs de la supplémentation vitaminique de tous acabits, y compris le génial et célèbre Linus Pauling, prix Nobel de chimie 1954, qui voudraient donner des petites gélules à toute l’humanité, cela ne sert à rien et c’est même dangereux». Voilà comment Jean-Michel Bader, journaliste scientifique, commentait, il y a quelques jours, dans Le Figaro, les résultats d’une étude danoise de très grande envergure publiée dans la revue médicale britannique The Lancet. « Les aromathérapeutes, continuait-il, ont beau nommer la vitamine C “notre ange gardien”, les végétariens ont beau faire de Linus Pauling un gourou, chantre de cet anti-oxydant censé protéger du cancer, la vérité scientifique oblige à dire que c’est faux ! ».

Une étude scientifique rigoureuse

L’étude à laquelle le journaliste, et beaucoup de ses confrères, faisaient référence pour alimenter leurs sarcasmes, peut en effet amener à conclure que les suppléments vitaminiques et les anti-oxydants censés protéger contre le cancer sont inefficaces et même dangereux. Elle ne souffre aucune contestation méthodologique et a étudié, sur quelque 170 000 participants, l’effet d’une supplémentation en diverses vitamines (A, B et C en particulier) et oligo-éléments (zinc, sélénium…). Certains ont avalé pas moins de 26 vitamines et oligo-éléments chaque jour !

Dix points-clés pour prendre du recul

  1. Il est exact que la vitamine C synthétique, les vitamines B, le sélénium pris à moyenne ou forte dose sont pro-oxydants et favorisent l’éclosion de corps oxydants causant des dégâts au niveau des membranes.
  2. De quelle vitamine C parle-t-on ? La forme active de la vitamine C naturelle est l’acide L.Threo ascorbique. L’étude ne précise pas ce qui a été donné aux patients.
  3. La vitamine C doit être « régénérée » par les polyphénols et les flavonoïdes qui sont des vitamines C mimétiques (que l’on trouve dans les fruits et légumes). Sans eux, la vitamine C ne vaut rien.
  4. Il faut rappeler que la nature n’aime pas les éléments isolés. Si l’on analyse les cycles métaboliques on constate que de nombreux éléments (vitamines, anti-radicaux libres...) agissent en synergie.
  5. Un organisme vivant échange, avec l’extérieur, de la matière, de l’énergie et de l’information. Ces échanges peuvent s’effectuer en dépit de modifications du milieu extérieur, grâce à une régulation permettant au milieu intérieur de rester stable. La perturbation de ces régulations par un apport de substances synthétiques rompt cet optimum biologique, qui induit l’apparition de la maladie.
  6. Notre alimentation, dans la mesure où elle est suffisamment variée et équilibrée, évite toute carence d’apport de tel ou tel oligo-élément ou vitamine. La supplémentation, dans le but d’améliorer la santé, ne s’impose donc généralement pas (sauf grossesse, allaitement, prise de contraceptifs oraux…). On peut, bien sûr, observer des carences ponctuelles mais personne n’accuse, au même instant, un déficit de 26 vitamines et minéraux.
  7. Lors de leur absorption au niveau intestinal, il peut exister des phénomènes de compétition entre les différents oligo-éléments et vitamines. Il existe de nombreux phénomènes connus d’inhibition entre les minéraux.
  8. Il existe également des phénomènes de potentialisation. Ainsi, par exemple, le cuivre facilite l’assimilation du fluor, tandis que le manganèse et le fer nécessitent du cuivre pour leur absorption.
  9. Il existe de nombreuses interactions paradoxales entre différents éléments. Ainsi, la vitamine C qui facilite l’absorption du fer et inhibe celle du cuivre à de plus fortes concentrations.
  10. Il subsiste encore de nombreuses inconnues sur la question du franchissement, par les éléments, de la barrière de la muqueuse intestinale.

Il est donc impératif pour les expérimentateurs et les épidémiologistes de prendre en compte un ensemble de paramètres biochimiques pour affirmer et conclure sur des formules lapidaires telles que viennent de le faire The Lancet et les grands médias. Il en va de notre santé.


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