La santé ne se gagne pas sur un champ de bataille

Combattre la maladie ! Voilà l’obsession de notre monde pétri d’une culture guerrière qui répond au fer par le fer, au feu par le feu. On «éradique», on «vainc», on «lutte» contre le «fléau» ou ses «agents»… On va même jusqu’à confondre l’art militaire et médical lors des «frappes chirurgicales». Le vocabulaire martial employé quotidiennement pour parler de la santé est le reflet de l’approche symptomatique qui est au centre de la médecine allopathique aujourd’hui. Une approche réductrice qui nous a menés directement dans une impasse sanitaire.

Si l’on croit que dans la nature tout est conflit, c’est notre état d’esprit qui est alors à changer. J'en prends pour exemple deux observations que j’ai pu faire en observant des plantes : la cuscute est une plante parasite qui est décrite comme équipée de suçoirs et qui s’enroule et étouffe sa plante hôte. J’ai observé des orties envahies par cette plante et j’ai noté que la cuscute ne se développait que sur une petite partie du champ d’orties. Là ou l’ortie était la moins adaptée. Quelques jours plus tard, j’ai observé une forêt de peupliers « envahis » par du gui. Et là aussi surprise : les arbres qui s’étaient développés sur un sol pauvre ou mal irrigué étaient les plus couverts de ces étonnantes boules végétales. À croire que si les conditions de vie optimales ne sont pas remplies, c’est une harmonie qui remplit son rôle et non une agression à laquelle on croit assister.

Notre conception occidentale de la médecine a un sacré retard dans sa perception du monde. Ce qui n’est pas le cas en Orient : les plus belles plantes toniques, adaptogènes et anti-stress sont comparées en Chine comme en Inde à un principe vital (ginseng signifie racine de vie, l’ashwaganda indien évoque l’odeur du cheval et par là même sa force naturelle).

Chez nous, les racines étymologiques, souvent latines ou grecques, des noms de plantes sont tout aussi riches, poétiques et rassurantes : angélique (don de l’archange Gabriel), sauge (dérivé de « salvia » qui sauve), thym (qui vient du grec « thymos », je parfume), valériane (issu du latin « valer », bien se porter), basilic (de « basilicos », le roi en grec)… Rares sont les plantes médicinales dont le nom évoque les champs de bataille ou la victoire sur l’ennemi. Et même lorsque c’est le cas – l’aconit tue-loup par exemple – il traduit la volonté de repousser l’agresseur, et non pas de le pourchasser.

L’héritage sémantique qui nous a été transmis par les Anciens n’est pas seulement destiné aux encyclopédistes et aux érudits. Il indique aussi le chemin que doivent emprunter les phytothérapeutes modernes malgré la pression, de plus en plus forte, des «consommateurs de santé» qui voudraient bien qu’on leur offre sur un plateau une médecine naturelle aussi rapide et expéditive que celle qu’ils ont connue jusqu’ici. Nous ne sommes pas là pour faire la guerre ! Je me «tue» à vous le dire.


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